"Not All that Jazz"

Compte-rendu lancement de saison de Multiple Chord Music,6 octobre 2015 @ Casa del Popolo…

In Compte-rendu on 20 décembre 2015 at
Jazz urbain…

Le label de jazz MCM nous avais donné rendez-vous le 6 octobre à la Casa del Popolo dans le cadre de L’OFF Festival de Jazz. De type « showcase » cette soirée était un beau prétexte pour découvrir une certaine frange du jazz moderne québécois.

L’étiquette, fondé l’an dernier sous l’impulsion de Gabriel Vinuela-Pelletier et d’Alex Lefaivre de Parc-X Trio, propose un jazz très urbain, jeune et accessible où l’indépendance artistique des musiciens priment. Voilà un facilitateur pour l’enregistrement et la diffusion où la force du collectif peut aider la visibilité des différentes formations. Aucun profit n’ira dans les poches de l’étiquette au final.

Au total c’est 9 groupes qui allaient se succéder sur scène pour des brèves performances d’une vingtaine de minute. On parle d’environ 3 morceaux par formation. Je suis arrivé à 20h et j’ai quitté à 23h, ce qui m’a permis d’entendre 6 petits sets. Mes observations en vrac.

La soirée débuta par la jolie voix de Marjorie Fiset. Un jazz vocal détendu avec une touche de clavier et de guitare basse pas désagréable. La voix semble bien posée, ni trop haute, ni trop languissante. Potentiel certain. Un peu difficile d’ouvrir la soirée, les conversations n’aidant pas l’écoute active.

Ensuite, le contrebassiste Frédéric Alarie et le trompettiste Jacques Kuba Séguin prirent la relève. Le projet d’Alarie fait suite à sa participation au dernier International Society of Bassists New Summit Music tenu en juin au Colorado. La musique offerte par le duo fut très intrigante. Un départ plutôt méditatif de style ECM où le son de la trompette de Séguin était traité en direct (boucles et effets). La contrebasse était aussi amplifiée, très résonnante et sensible. Puis à mi-parcours, un bon groove d’Alarie propulsa le morceau ailleurs, plus jazzé dans l’approche avec un Kuba Séguin utilisant une sourdine donnant un son jazz 80’s à l’ensemble. Bien fait. On aimerait entendre le résultat sur disque, car voilà une musique demandant une bonne acoustique pour en saisir les nuances et subtilités.

Le 3e « showcase » fut mon préféré des six que j’ai entendu. Le Mark Nelson’s Sympathetic Frequencies est mené par l’excellent batteur Mark Nelson. Je ne connaissais pas le groupe, mais j’ai tout de suite remarqué les qualités de son leader. Voilà une musique hyper dynamique avec un saxophoniste ténébreux où la contrebasse rentre bien avec du clavier et un back beat toujours surprenant. Un jazz à la limite « inside-outside » plus demandant, mais très réjouissant. À suivre.

Le set suivant mettait en valeur la saxophoniste Annie Dominique et son quintet. Des trois pièces on retiendra le style post-bop plutôt agréable de l’ensemble et un solo du tonnerre du tromboniste Jean-Nicolas Trottier. Un jazz plutôt traditionnel qui s’écoute bien.

Un peu comme ce que proposa le saxophoniste Jason Stillman. Appuyé par le Parc-X Trio, son groupe n’ayant pu l’accompagner, Stillman fait dans un jazz post-bop plutôt conventionnel axé sur les solos. Voilà peut-être le meilleur soliste de la soirée. Un son clair au sax alto, franc et direct, parfois très rapide et expressif. Belle découverte.

Finalement, le dernier set avant mon départ fut celui de la trompettiste Rachel Therrien. Cette jeune femme possède un talent indéniable, une signature bien à elle et un son franchement intéressant à la trompette. Un jazz hyper groovy, parfois jazz-rock, notamment grâce à la combinaison du clavier et la présence de Simon Pagé à la basse électrique. On aime son style. La musique qu’ils jouèrent fut la plus mélodique de la soirée à mes oreilles. L’on tapait du pied. Très jazz dans le bon sens du terme.

J’ai manqué 3 groupes après mon départ : Tertio, Andy King Group et Parc-X trio. On se reprendra.

Mention spéciale au batteur Alain Bourgeois qui était presque dans tous les groupes. Flexibilité et diversité !

Chez MCM l’on ressent une belle camaraderie, un support pour le plaisir de la musique et l’indépendance d’esprit de ses créateurs. Après cette soirée l’on se dit que le jazz québécois est toujours bien en vie, vigoureux, entre de bonnes mains. Mais comme me l’a dit Alex Lefaivre, le jazz aujourd’hui c’est l’underground de l’underground…

-Maxime Bouchard